DAAF, 10 ans après : une loi, des vies protégées… et maintenant ? L’heure des priorités

Posté le 23/06/2025

Le mardi 17 juin 2025, le Palais du Luxembourg a accueilli un événement d’ampleur à l’occasion des 10 ans de l’obligation d’installation des détecteurs autonomes avertisseurs de fumée (DAAF). Organisé par la FFMI, parrainé par le sénateur Pascal MARTIN, ce rendez-vous a réuni des experts institutionnels, des représentants de l’industrie et des associations de consommateurs, des acteurs du logement pour dresser un bilan collectif et ouvrir de nouvelles perspectives en matière de sécurité incendie.

Les échanges ont souligné l’importance de la loi DAAF de 2010, considérée comme une avancée majeure de la sécurité incendie. Le sénateur Pascal MARTIN a rappelé que si la législation a permis de franchir un cap, de nombreux défis restent à relever pour faire de la prévention incendie une culture ancrée dans la société car le risque incendie dans les logements reste largement sous-estimé par le public.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Le préfet Julien MARION (DGSCGC) et le lieutenant-colonel Stéphane BOUBET (SDIS 78) ont insisté : l’efficacité des DAAF est indéniable. Ils ont permis de sauver des centaines de vies. Mais la protection ne vaut que si l’équipement est fonctionnel. Trop souvent, des détecteurs sont désactivés, mal entretenus, voire avec la pile manquante : en 2024 encore, plus de 300 personnes ont péri dans des incendies, 80 % à cause des fumées.

Innovation, normalisation, certification, responsabilité : les leviers de demain

L’événement a permis de mettre en lumière plusieurs axes d’amélioration :

· Nouvelles technologies : détecteurs interconnectés, capteurs multiples, détecteurs thermiques, comme a pu l’expliquer Nathan NYONG, représentant du GESI

· Clarification des responsabilités entre propriétaires et locataires, souvent mal comprises, comme l’a rappelé Anne LUCET-DALLONGEVILLE de la Confédération Nationale du Logement et Présidente du Comité consommation d’AFNOR Normalisation

· Intégration des DAAF dans les diagnostics immobiliers obligatoires, pour renforcer leur présence dans les logements anciens.

· Éducation et sensibilisation, en particulier auprès des jeunes générations, pour dépasser la perception de complexité ou d’inutilité.

Julien NIZRI, Directeur d’AFNOR Certification a rappelé en outre l’intérêt de bénéficier de produits certifiés par tierce partie (NF), offrant de facto un niveau de confiance supérieur.

Regards croisés : apprendre des autres pays

Paul HOWLEY, représentant du GESI, a partagé des comparaisons internationales instructives :

· En Allemagne, la norme impose un détecteur par pièce.

· Au Royaume-Uni, la culture de sécurité est mieux ancrée dès le plus jeune âge.

Ces exemples montrent qu’une réglementation forte, alliée à une pédagogie continue, peut faire la différence.

Mobilisation collective : un message fort du 10ème anniversaire

L’événement fut aussi l’occasion de rappeler un principe fondamental :

Une citation que peut faire écho au contexte de ce 10ème anniversaire « Qui sauve une vie, sauve le monde.« 

Cette décennie d’engagement a été rendue possible par la mobilisation conjointe des pouvoirs publics, des industriels, des acteurs du logement et de la normalisation, et des associations de consommateurs.

Comme l’a exprimé Régis COUSIN, président de la FFMI, la dynamique est lancée, mais il reste encore à convaincre, à entretenir, à former. Un regain de sensibilisation est indispensable pour faire reculer les drames domestiques.

Et maintenant ? Une décennie d’action à poursuivre

Cet événement a jeté les bases d’un nouveau cycle, et dans l’ordre des priorités :

· Renforcer la maintenance et les vérifications. Cette mesure porte clairement en elle, l’intégration de la vérification d’au moins un DAAF fonctionnel dans un diagnostic immobilier. C’est une évolution du dispositif qui serait majeure, comme le propose à juste titre le Sénateur Pascal MARTIN.

· Accentuer la pédagogie dans les écoles.

· Accompagner les jeunes adultes et les publics précaires.

· Continuer à innover dans l’équipement.

Les propos tenus ont confirmé que les DAAF ont joué un rôle majeur dans la réduction des victimes lors d’incendies domestiques. Mais l’événement a aussi mis en lumière que l’efficacité de ces dispositifs dépend avant tout de leur bon usage.